LUDOVIC BOURGEOIS

Je perçois cette série comme une invitation à une introspection profonde sur notre rapport à l'identité à l'ère numérique. En juxtaposant ces portraits générés et ces codes QR, je ressens une tension palpable entre l'individu, tel que nous aimons le percevoir, et l'individu réduit à ses données, à un simple ensemble d'informations.

Le portrait généré, lisse et presque parfait, me fascine et me dérange à la fois. Il est comme un miroir déformant, qui nous renvoie une image idéalisée et stéréotypée de nous-mêmes. C'est à la fois familier et étranger, un visage que l'on pourrait croiser n'importe où, un symbole de l'anonymat grandissant dans notre société hyperconnectée.

Le code QR, quant à lui, vient briser cette illusion. Il nous rappelle que derrière chaque visage se cache une multitude de données, souvent utilisées à notre insu. Cette superposition du biologique et du numérique crée un choc visuel et une sensation de malaise. Je vois dans cette juxtaposition une métaphore puissante de notre condition contemporaine : nous sommes à la fois des sujets et des objets, des individus uniques et des masses de données.

En exposant ainsi la vulnérabilité de l'individu face aux algorithmes et aux grandes entreprises, je souhaite susciter une réflexion sur le pouvoir des données et sur les enjeux éthiques qui en découlent.

L'esthétique de cette série est volontairement ambivalente : elle oscille entre l'attraction et la répulsion. Le contraste entre la douceur du portrait et la froideur du code QR crée une dissonance qui, je l'espère, marquera le spectateur.

Au final, je souhaite que cette série invite chacun à se questionner sur sa propre identité, sur la manière dont il est perçu et représenté dans le monde numérique.